Voici la première légende d'Aubrac,...
S’il est un autre brigand qui aurait pu rejoindre Mandrin dans l’univers des voleurs de chemins creux au cœur grand comme ça, c’est bien Jean-Pierre Bouissou. Anachronique personnage, celui qu’on surnommait «le voleur d’Alpuech» sévissait essentiellement dans un petit triangle des hauteurs du nord Rouergue. Lui a vu le jour en 1763, quelques années après l’exécution de Mandrin et deux petites décennies avant que les fumets de la Révolution française ne viennent exalter les esprits – mais de manière très superficielle – de ce très catholique territoire. Son credo était bien de grappiller aux plus riches pour donner aux plus pauvres. Comme le grand Mandrin, le Bouissou jubilait lorsqu’il pouvait détrousser quelques gras bourgeois ou de riches marchands s’en retournant de foire, les poches rebondies. Comme tous les brigands, il portait haut son surnom de «voleur d’Alpuech». Avec l’aide de ses lascars, mais aussi la complicité aveugle des gens d’armes et autres notables, c’est sans partage qu’il écumait un territoire où les noms des paroisses rebondissaient de lieux en clochers : Alpuech, La Terrisse, Laguiole, Cassuéjouls, Vitrac, de Trinitat, Lacalm, Sainte-Geneviève… Que du très local et rien de comparable avec les épopées de Mandrin, du Dauphiné au Vivarais jusqu’aux confins du Rouergue en passant par le Gévaudan. Lui jouait à domicile, mais ce n’est pas pour autant que l’on ne craignait pas les effets de ses coups ; toujours solitaire, se démultipliant parfois, armé de fusils et de pistolets, voire de simples capuchadous (ces couteaux sans ressort, lointains ancêtres du Laguiole). Les péripéties du «voleur d’Alpuech» affolaient le petit monde des biens pensants et culs-bénits de cette terre à chouans.
Condamné à mort à plusieurs reprises, Bouissou n’échappa pas aux balles de gendarmes planqués en embuscade du côté de la Terrisse. Vendu ou donné pour quelques Louis, la question, bien des années avant les heures noires de l’occupation, reste posée.
La Croix d’Alpuech : Alpuech est la patrie du célèbre hors la loi et chouan J.P Bouyssou dit le voleur d’Alpuech véritable « Robin des bois » de l’époque révolutionnaire : il prend aux riches pour donner aux plus démunis.
Bien sûr, le brigandage fait son miel sur un terreau de légendes où l’imaginaire se confond avec le réel. Mais jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, des bandes écumaient tout le pays. Leur terrain de prédilection ? Ce qui représente aujourd’hui le nord Aveyron : un territoire abrupt et rude. Tous ces dérobeurs d’intérêt se voyaient affublés d’un surnom. Ils sévissaient de préférence dans des endroits reculés, le plus loin possible des villes, où la sécurité des gendarmes s’organisait, et le plus souvent près des limites des départements, interdites de franchissement pour les hommes de la maréchaussée. Liés à leur territoire, les brigands s’identifiaient à celui-ci. Et s’ils faisaient main basse sur les convois chargés de l’argent public, récolté avec plus ou moins de bienveillance et en partance vers Rodez (le plus souvent) ou Aurillac (lorsque c’était de l’autre côté de la «frontière»), les pieds de nez n’étaient jamais loin…
Jean-Pierre Bouissou, alias le voleur d’Alpuech, a lui aussi tout tourneboulé la maréchaussée de ce bout de nord Aveyron peu avant la Révolution.
Le voleur d'Alpuech, souvent comparé au célèbre Robin des bois, m'a permis de créer cette collection de couteau que j'ai nommé, le Robin d'Aubrac".