Le couteau Laguiole.
Du Couteau fermant Eustache Dubois au “Laguiole”.
A la fin du XVIIème siècle, le monde paysan achetait dans les foires aux bestiaux et aux colporteurs des couteaux fermants très simples que l’on surnommait « Eustache », du nom d’un coutelier stéphanois : Eustache Dubois. Ils étaient fabriqués par d’anciens maîtres couteliers foréziens, devenus espalionnais, à partir de lames forgées au Chambon-Feugerolles (Forèz) et parvenues à Espalion en contrebande.
Cet Eustache, appelé « jambette », était très apprécié du monde rural de l’Aubrac, était pliant, coupait très bien et ne coûtait que quelques sous. Ce couteau reliait le manche en corne moulée ou en bois à la lame, par un unique clou d’axe. La lame était dotée en cul d’une petite excroissance en « T » appelée lentille par les couteliers. Lorsque les utilisateurs du couteau exerçait la coupe, le « T » était appuyé en butée sur le dos du manche. La lame était maintenue ouverte par ce dispositif simple.
Couteau Eustache du XVIIIè siècle – source : https://fr.wiktionary.org/wiki/eustache
L’influence du couteau stéphanois sur le futur “Laguiole”
C’est en 1813 que naquit Pierre-Jean Calmels. Il était le fils d’un menuisier de Laguiole, Pierre Calmels, surnommé « Bridoulet » et de Marie Cayla. Il fonda son atelier à 16 ans et eut l’idée d’améliorer la jambette, ce couteau si réputé sur l’Aubrac en y ajoutant un ressort. La forme des jambettes stéphanoises allait influencer la future ligne du couteau de Laguiole. C’est ainsi que les couteliers laguiolais puisèrent leur source d’inspiration au plus près, sur leur propre territoire.
La naissance du couteau Laguiole, ce premier couteau à ressort, fabriqué à Laguiole, s’appelait le « Laguiole droit ». Il avait un ressort pour maintenir la lame ouverte ou fermée. Le couteau était muni d’une lentille, désormais appelée « mouche », non plus sur la lame, mais sur le ressort. Plus tard, cette mouche sera sculptée de diverses manières, souvent sous forme d’une abeille.Pourquoi une abeille ? D’après une légende, Napoléon Ier aurait autorisé les habitants de Laguiole à porter une abeille sur le blason de la ville pour les récompenser pour leur bravoure pendant les guerres du 1er empire.Une vingtaine d’années plus tard, Pierre-Jean Calmels eut l’idée de monter un ressort à cran d’arrêt, à mouche, d’affiner la forme de la lame en la rendant plus élancée : la lame yatagan était née. Il garda la courbure du manche en l’amincissant, créant la forme du Laguiole actuel.Extrait d’un livre écrit par Mr Christian Lemasson : “Laguiole histoire d’un couteau d’exception”
